mercredi 15 janvier 2014

Et la tendresse, bordel ?

Lecteur avisé,

Si tu es fidèle de ce blog , tu auras certainement aperçu mon absence, due à mon changement d'univers professionnel. J'ai ainsi dit " au revoir au monde des lettres"  et "bonjour monde pro". Hélas, c'est là qu'est l'os et l'effritement de ma plume en témoigne : si le soir, je suis trop crevée pour ouvrir un Balzac, je dévore le livre contemporain, par ici le Gounelle ou l'Annie Ernaux. Pour ne pas perdre la main et le style, me revoilà blogueuse à nouveau. 

Et aujourd'hui, je viens témoigner d'une expérience hallucinante qui m'est tombée entre les mains, pour ne pas dire qui m'est tombée des mains.

L'objet du litige ? Cinquante nuances de Grey (ou pour nos collègues anglophones et les stats de ce blog 50 shades of Grey (coucou google!). L'auteure ? EL James (entre parenthèses et juste pour info, c'est bien une femme écrivain, on verra l'ennui de la chose plus tard). Mais quesepassetilexactementdanscemirifiqueflacon me demanderas tu cher lecteur, l'oeil pétillant, la salive au coin de la bouche ?

Eh bien, voilà le pitch en deux mots comme en cent : cuir-moustache (qu'on peut répéter à l'envie, "cuir-cuir-moustache"). C'est en effet, la pensée que me vient à l'esprit en repensant au résumé de l'intrigue suivante que je te livre avec encore ennui : Anastasia aime Christian. Hélas, il préfère le sado-masochisme. Fin, tirez le rideau (rouge, couleur de la passiiiiiiion).

Le cuir, pourquoi ? Eh bien, ami lecteur, c'est pour faire allusion au SM dont est adapte notre héros. Cependant, au cuir dégoulinant de sueur (effort de l'acte) et de quelques gouttes de sang (les colliers à pique, ça fait mal, aïe aïe), préférez le cuir / plastique avec un peu de velours (c'est plus doux), bien rôse (c'est plus chou) et avec des images de barpapa (dans la catégorie barpapa aime bien souffrir mais pas trop) et surtout... surtout de l'amûr. Ici pas de sueur, car même le héros sent bon le .... gel douche. Et tu connais l'adage, lecteur cultivé : pas de sueur... pas d'effort (ou l'inverse). Allez EL James, un peu d'effort, que diable!
La moustache, pourquoi ? Eh bien, c'est celle que le jouvenceau prépubère peut se faire pousser au long des 550 pages (grand format) de l'histoire. Car, nous avons certes des messages à caractères sexuels, mais le tout est aggloméré dans des passages tellement chamalowesques que même Haribo il en fait pas de plus gluants. En gros, tu sais pas quand ça commence (parce que les cris virginaux de l'héroïne s'extasiant sur la beauté androgyne de son cher et tendre épilé au poil te donne envie de te pendre au bout d'une cravate grise), mais tu sais comment ça se termine. Un petit indice : les mots "j'éclatais en mille morceaux" sont présents au moment fatidique. Tout. le. temps. (et je marque mes mots). On peut donc en conclure que soit ce pavé est écrit pour un troupeau de chèvres bigleuses (au cas où qu'elles sachent lire), soit pour un groupe de vierges en émoi qui comme on le dit proprement "s'imaginent le shmiblick". Ou alors pour des gens qui ont oublié. En gros, y a comme une ch'veu dans le potache.

Et puis, zut quoi alors (restons dans la thématique taiseuse de grossièreté du livre), c'est quoi cette héroïne complètement dépourvue de cervelle, qui je cite se plaint de "ne pas pouvoir souffrir assez" pour son chéri. Un peu la fille à qui on a envie de dire "écoute ma puce, attends que le livre soit adapté en film, va le voir, et là tu as ton lot de souffrance pour 60 ans de ta vie. Sauf si tu es trop prise par les nausées cinématographiques lors de la projection, auquel cas, tu réchappes à quelques années." Pas le genre de meuf qui aurait brûlé son soutif en mai 68 , ça je vous le dit (alors que Justine, elle....).

Bref, si vous voulez un vrai roman du genre, préférez Sade, on comprend un peu plus vite ce qu'il se passe (et on voit un peu plus la motivation libertine  (enfin, autre chose que "en fait, je fais ça, parce que ... je sais plus trop... J'étais jeune quoi... Oui, je sais, j'ai 30 ans, mais tu sais les remises en question, ça arrive que dans les romans").

Alors pour plus de traitement de sujets périmés (so 2013!), de retour échaudés, et de bouquins soldés,

Restez branchés!

N.D.

1 commentaire:

  1. Ahahahahahahahahah!

    Il y avait un extrait dans un magazine (français je pense en plus, ouais, fin 2012) et j'étais ébahie… mais pas tellement du bon côté.

    Bien hâte de ne pas voir ce que l'adaptation cinématographique va donner.

    Mais bon, il y a des livres pour tous les goûts.

    Et oui, «Les 120 jours de Sodome» de Sade ça c'était quelque chose! (on se cultive comme on peut!)

    FD

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